Issue |
Matériaux & Techniques
Volume 108, Number 5-6, 2020
Materials and Society: transitions in society, materials and energy
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Article Number | 502 | |
Number of page(s) | 26 | |
Section | Environnement - recyclage / Environment - recycling | |
DOI | https://doi.org/10.1051/mattech/2021005 | |
Published online | 26 April 2021 |
Regular Article
How to tell the story of change and transition of the energy, ecological and societal systems
Changement et transitions dans les systèmes énergétique, écologique et sociétal : story telling
IF Steelman,
57280
Semécourt, France
* e-mail: jean-pierre.birat@ifsteelman.eu
Received:
27
September
2020
Accepted:
6
January
2021
After overusing the expression Sustainable Development, some action plan was needed to switch from rhetorical to transformational change. One of the answers was to propose the word Transition as a roadmap leading to the necessary level of change. A Transition is a passage from one stable regime to another, with a step that is neither instantaneous nor dangerous, like a Revolution, but is fast enough, anyway. The first Transition in the 2010s was the Energy Transition, i.e. a move towards less fossil fuels and more renewables. It started everywhere more or less at the same time, but Germany and its Energiewende was among the first contenders. The implicit objective was as much to control excessive anthropogenic GHG emissions as it was to possibly start a new period of growth based on green technologies. Very soon, however, the Fukushima disaster convinced Mrs. Merkel to change tack and veer towards “zero nuclear power”, thus aligning with the program of the Green movements. At that point, the Energiewende had become a complex, multi-objectives program for change, not a simple Transition as described at the onset of the paper. The rest of the world turned to Globish and spoke of the Energy Transition (EnT). Each country added a layer of complexity to its own version of the EnT and told a series of narratives, quite different from each other. This is analyzed in the present article on the basis of the documents prepared by the “energy-community”, which assembles hard scientists and economists, a group that the soft scientists of SSH call STEM. EnT, in its most recent and mature version, hardly speaks of energy any more but of GHG emissions. Therefore, EnT drifted towards the expression Ecological Transition (EcT). Both expressions are almost synonymous today. From then on, myriads similar expressions sprang up: Environmental Transition, Demographic, Epidemiological and Environmental Risk Transition, Societal Transitions, Global Transitions, Economic Transition, Sustainability Transition, Socio-Ecological Transitions, Technology Transitions, Nutrition Transition, Agro-Ecological Transition, Digital Transition, Sanitary Transition as well as various practices like Energy Democracy or Theory of Transition. Focusing only on EnT and EcT, a first step consists in comparing energy technologies from the standpoint of their impact on public health: thus, coal is 2 or 3 orders of magnitude worse than renewable energy, not to speak of nuclear. A second step looks at the materials requirement of Renewables, what has been called the materials paradox. They are more materials-intensive and also call on much larger TMRs (Total Materials Requirement). On the other hand, the matter of critical materials has been blown out of proportion and is probably less out of control than initially depicted. A third step is accomplished by Historians, who show that History is full of energy transitions, which did not always go in one direction and did not always match the storytelling of progress that the present EnT is heavily relying on. Moreover, they flatly reject the long-term storytelling of History depicted as a continuous string of energy transitions, from biomass, to coal, oil, gas, nuclear and nowadays renewables. Just as interesting is the opinion of the Energy-SSH community. They complain that the organizations that control research funds and decision makers listen mainly to the STEM-energy community rather than to them. And they go on to explain, sometimes demonstrate, that this restricts the perspective, over-focuses on certain technologies and confines SSH to an ancillary role in support of projects, the strategy of which is decided without their input: the keyword is asymmetry of information, which therefore leads to distortion of decision-making. They also stress the need for a plurality of views and interpretations, a possible solution to the societal deadlocks often encountered in Europe. As important and strategic as energy issues are in our present world, the hubris of both STEM and SSH communities may be excessive. Some level of success in making them work together may be a way to resolve this situation!
Résumé
Après avoir abusé de l’expression développement durable, il était nécessaire de définir un plan d’action pour passer du changement rhétorique au changement transformatif. Une solution a consisté à proposer le mot de transition comme feuille de route vers le niveau de changement nécessaire. Une transition est un passage d’un régime stable à un autre par une étape qui ne soit ni brutale ni dangereuse comme le serait une révolution, mais qui se produit suffisamment vite, néanmoins. La première de ces transitions a été la transition énergétique, au cours des années 2010, c’est-à-dire le passage vers moins d’énergies fossiles et plus de renouvelables. Elle a démarré partout à peu près à la même époque, mais l’Allemagne et son Energiewende a fait la course en tête. L’idée générale était autant de réduire les émissions anthropiques de gaz à effet de serre que de relancer une période de croissance économique basée sur des technologies vertes. Le désastre de Fukushima convainquit rapidement Mme Merkel de changer de cap et de partir en direction du « zéro énergie nucléaire », s’alignant ainsi avec le programme des partis verts. L’Energiewende était alors devenu un programme de changement complexe et multi-objectif et non plus une simple transition telle que décrite au début de cet article. Le reste du monde adopta l’expression en Globish d’Energy Transition (EnT), mais chaque pays ajouta une couche de complexité à sa propre version de l’EnT et proposa une série de récits nettement différents les uns des autres. C’est ce qui est au cœur de l’analyse conduite dans le présent article, sur la base des documents de la « communauté de l’énergie », où on trouve surtout des scientifiques et des ingénieurs des sciences dures et des économistes, un groupe que les scientifiques des sciences molles SHS appellent STIM. L’EnT, dans sa version la plus récente et la plus mûre ne parle plus strictement d’énergie mais essentiellement d’émissions de gaz à effet de serre. Par conséquent, l’EnT a glissé vers l’expression de transition écologique (EcT). Les deux expressions sont d’ailleurs devenues quasiment synonymes aujourd’hui. Par la suite, des myriades d’expressions voisines sont apparues. Transition environnementale, transition démographique, transition du risque épidémiologique et environnemental, transitions sociétales, transitions globales, transitions économiques, transition de durabilité, transitions socio-écologiques, transitions technologiques, transition nutritionnelle, transition agro-écologique, transition numérique, transition sanitaire, de même que des pratiques variées comme la démocratie énergétique ou la théorie des transitions. En se concentrant sur l’EnT et l’EcT, une première étape a consisté à comparer l’influence des technologies de production d’énergie sur la santé publique : le charbon est ainsi 2 à 3 fois plus nuisible que les énergies renouvelables, sans parler d’énergie nucléaire. Dans une deuxième étape, on a analysé l’intensité en matériaux des énergies renouvelables, ce qu’on appelle le paradoxe des matériaux : elles sont en effet à la fois plus intenses en matériaux, font appel à des TMR plus élevés et à des matériaux plus rares. Néanmoins, la question des Matériaux critiques a été exagérée et est probablement plus sous contrôle qu’annoncé en général. Dans une troisième étape, ce sont les historiens qui ont pris la parole en montrant que l’histoire raconte une longue suite de transitions énergétiques, qui n’ont pas toujours pointé dans la même direction et ne sont pas appuyées sur la mise en récit de la transition énergétique que nous vivons en ce moment. Surtout, ils rejettent le récit de long terme qui présente l’évolution historique comme la succession ordonnée de transitions allant de la biomasse au charbon, au pétrole, au nucléaire et aujourd’hui aux renouvelables. Le point de vue de la communauté énergie-SHS est lui aussi intéressant. Elle se plaint de ce que les décideurs en matière d’énergie écoutent plutôt la communauté énergie-STM. Et elle explique et démontre aussi parfois que cela restreint la perspective, donne trop d’importance à un ensemble limité de technologies et ne laisse à la SHS qu’un rôle de faire-valoir ancillaire. Les décideurs ont donc une asymétrie d’information qui déforme les processus de décision. En ouvrant les analyses à une pluralité de vues on pourrait briser certains blocages sur l’énergie rencontrés en Europe. L’importance stratégique des questions d’énergie dans notre monde moderne fait penser que l’hubris des deux communautés est excessive et que ce n’est qu’en les faisant travailler ensemble que l’on pourra collectivement avancer.
Key words: sustainable development / energy transition / ecological transition / theory of transitions / STEM-energy community / SSH-energy community
Mots clés : développement durable / transition énergétique / transition écologique / théorie des transitions / communauté STIM de l’énergie / communauté SHS de l’énergie
© SCF, 2021
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