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Matériaux & Techniques
Volume 107, Number 1, 2019
Society and Materials (SAM12)
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Article Number | 102 | |
Number of page(s) | 20 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/mattech/2018067 | |
Published online | 21 March 2019 |
Regular Article
The environment and materials, from the standpoints of ethics, social sciences, law and politics☆
L’environnement et les matériaux, vus des points de vue de l’éthique, des sciences sociales, du droit et de la politique
IF Steelman,
Semécourt, France
* e-mail: jean-pierre.birat@ifsteelman.eu
Received:
24
May
2018
Accepted:
12
December
2018
Materials are deeply connected with the environment, because they stem from raw materials extracted from the geosphere, rely on large amounts of energy and of water in their production stage, project emissions to air, water and soil when their ores (or minerals) are mined, when they are made in steel mills or cement kilns, including very significant amounts of greenhouse gases. They also contribute to emissions and energy consumption of the artifacts of which they are part, either consumption or investment goods. Their connection with the biosphere raises many issues, in terms of toxicology, ecotoxicology or biodiversity or simply of public health or in the working place. Materials, as an essential part of the anthroposphere, interact deeply with the anthroposphere itself but also with the biosphere, the geosphere, the atmosphere and the hydrosphere, thus with nature in a general way through mechanisms which can no longer simply be described at the margin, as resource depletion or as pollution. This raises issues related to the sustainability of materials in human activities, in which they are deeply immersed and entangled. The standard way of dealing with these environmental issues is to invoke sustainability and to explain that all actors are engaged in sustainable development, a morals or an ethics that points in which direction to go: all players in the materials field, industry, institutions and research, claim allegiance to sustainable development. At a more technical level, specific tools like Life Cycle Assessment (LCA) are used extensively to measure the interaction of materials with the environment. This, however, is not enough to deal properly with the environmental issues of materials, because these issues are not marginal any longer: the anthroposphere has become so large with respect to the biosphere, the geosphere and the planet in general that environmental risk is now part of modern life, especially in connection with climate change and the loss of biodiversity. To go deeper in analyzing the connection of human activities with nature, it is therefore necessary to reach out to SSH (Social Science and Humanities) disciplines and particularly to environmental ethics. This is a prerequisite for materials scientists (and others) to act decisively in the future in the face of the danger that lies ahead of us. The present paper reviews the advances of environmental ethics, a fairly young discipline born in the 1970s, in as far as it can help all actors on the world anthropospheric theater choose their lines for the future in a more conscious and sophisticated way than simply claiming obedience to sustainability. We will review briefly intellectual forerunners of the discipline like Jean-Jacques Rousseau, Henri David Thoreau, Rachel Carson or Paul Ehrlich. This will help flesh out well-known concepts like the precautionary principle or the “polluter-pays” principle, which are invoked in creating new materials or new processes to keep pollution and health issues under control, as part of the constraints of professional ethics but also of environmental law. It will be necessary to question to whom or to what the key concept of intrinsic value is attached: people, all living organisms or ecosystems, i.e. the environment in general, and thus to define anthropocentrism, biocentrism and ecocentrism. Environmental law and the ethics of sustainable development are still mainly anthropocentric while scientific ecology is more clearly ecocentric. To tackle the challenges of environmental issues as they are posed today and to avoid catastrophes, it might be necessary in the future for all social players and for people of the world of materials to follow the steps of environmental ethics and to move up from anthropocentrism to the broader vision of ecocentrism.
Résumé
La relation entre matériaux et environnement est très forte : en effet les matériaux trouvent leur origine dans les matières premières issues de la géosphère, dépendent de grandes quantités d’énergie et d’eau dans l’étape de leur production, projettent des émissions dans l’air, l’eau et le sol quand leurs minerais (minéraux) sont extraits des mines ou des carrières, quand ils sont produits dans des usines sidérurgiques ou des cimenteries – et ces émissions comprennent des gaz à effet de serre. Les matériaux contribuent aussi aux émissions et aux consommations d’énergie des artifacts auxquels ils sont intégrés, comme biens de consommation ou d’investissement. Leur rapport avec la biosphère soulève aussi beaucoup de problèmes en termes de toxicologie, d’écotoxocologie et de biodiversité ou simplement de santé publique ou au travail. Les matériaux, qui jouent un rôle essentiel dans l’anthroposphère, interagissent avec l’anthroposphère elle-même, mais aussi avec la biosphère, la géosphère, l’atmosphère et l’hydrosphère, donc avec la nature dans sa totalité à travers des mécanismes qu’on ne peut plus simplement décrire à la marge comme épuisement des ressources ou comme pollution. Les questions posées relèvent du caractère durable des matériaux dans l’activité humaine, où ils sont immergés et avec laquelle ils sont intriqués. La façon habituelle de traiter de ces questions environnementales est d’invoquer le développement durable et de montrer que tous les acteurs y sont engagés, dans une démarche à la fois morale et éthique qui donne la direction vers laquelle aller : dans le monde des matériaux, tous les acteurs industriels, institutionnels ou de la recherche ont fait allégeance au développement durable. À un niveau plus technique, l’analyse de cycle de vie (ACV) est utilisée très couramment pour mesurer la force de l’interaction entre matériaux et environnement. Ceci ne suffit cependant pas pour traiter convenablement des questions environnementales liées aux matériaux, parce qu’on n’a plus à faire à des questions marginales : l’anthroposphère a acquis une dimension si grande par rapport à la biosphère, la géosphère et la planète en général que le risque environnemental est devenu une part importante de notre monde moderne, en particulier en ce qui concerne le changement climatique et la perte de la biodiversité. Pour aller plus loin, il est nécessaire de faire appel aux sciences sociales et humaines (SSH) et en particulier à l’éthique environnementale. C’est un préalable pour que les spécialistes de matériaux (et beaucoup d’autres acteurs) puissent agir avec détermination dans l’avenir et faire face aux dangers qu’ils confrontent de façon durable. Cet article passe en revue les avancées de l’éthique environnementale, une jeune discipline apparue seulement sous sa forme actuelle dans les années 1970, qui devrait suggérer aux acteurs du théâtre de l’anthroposphère les textes et les dialogues à déclamer dans l’avenir : ils s’engageront ainsi d’une façon plus profonde et plus complexe qu’en se déclarant simplement adeptes du développement durable. On parlera aussi des écrivains-précurseurs qu’ont été Jean-Jacques Rousseau, Henri David Thoreau, Rachel Carson ou Paul Ehrlich. Cela permettra de donner de la consistance au principe de précaution ou à celui du pollueur-payeur, qu’on invoque à propos d’innovation en procédés et en produits pour en maîtriser les conséquences en matière de pollution et de santé publique. Il s’agit de cesser de les évoquer comme des mantras et de leur donner une épaisseur à la fois d’éthique professionnelle et de respect du code l’environnement. La question-clé est de savoir à qui ou à quoi on doit attribuer une valeur intrinsèque : les gens, les êtres vivants en général ou les écosystèmes, ce qui conduit à définir l’anthropocentrisme, le biocentrisme ou l’écocentrisme. Le code de l’environnement est aujourd’hui anthropocentrique, alors que l’écologie scientifique est très clairement écocentrique. Pour affronter les défis que posent les questions environnementales, à la société en général mais aussi aux acteurs du monde des matériaux, il sera probablement nécessaire dans l’avenir de suivre les pas de l’éthique environnementale et de passer d’une vision purement anthropocentrique du monde à une vision plus large, donc à une vision écocentrique.
Key words: materials / production of materials / use of materials / raw materials and circular economy / ecological footprint of materials / pollution / “polluter-pays” principle / sustainable development / precautionary principle / waste hierarchy / environmental issues / LCA / MFA / theory of risk / environmental ethics / anthropocentrism / biocentrism / ecocentrism / environmental law
Mots clés : matériaux / production de matériaux / utilisation des matériaux / matières premières et économie circulaire / empreinte écologique des matériaux / principe du pollueur-payeur / développement durable / principe de précaution / hiérarchie des déchets / questions environnementales / ACV / AFM / éthique de l’environnement / anthropocentrisme / biocentrisme / écocentrisme / code de l’environnement
© EDP Sciences, 2019
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